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Historique de Lor.Textes-courts-ermitage

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lundi 26-mai-2014 par Kisqo -
Lignes 1-54 ajoutées:

— Textes-courts — 030 —

LOR

Ermitage

(:table border=0 width=100% cellspacing=0 cellpadding=0 class=infotab:) (:cellnr class=infott:) (:cell class=w10:) (:cell class=border-top:) (:cellnr class=infott:)Réflexion et inspiration : (:cell class=w10:) (:cell class=c1:)- (:cellnr class=infott:)Principe : (:cell class=w10:) (:cell class=c1:)- (:cellnr class=infott:)Contrainte : (:cell class=w10:) (:cell class=c1:)Sujet imposé : Mettre ses affaires en ordre (:cellnr class=infott:)Date : (:cell class=w10:) (:cell class=c1:)2014 (:cellnr class=infott:)Longueur du texte : (:cell class=w10:) (:cell class=c1:)6999 (:cellnr class=infott:)Nombre de mots : (:cell class=w10:) (:cell class=c1:)1274 (:cellnr class=infott:) (:cell class=w10:) (:cell class=border-bottom:) (:tableend:)

(:table border=0 width=100% cellspacing=0 cellpadding=0 class=poetab:) (:cellnr class=poedeb:) (:cellnr class=poetxt:)« Bien que je me sente en parfaite santé, je pense qu’il est temps pour moi de mettre mes affaires en ordre »
La synchronicité a mené mon existence, aussi, quand cette phrase est tombée sous mes yeux, un des rares jours où je m'obligeais à me rendre en ville, j'ai compris soudain la nécessité absolue de laisser une empreinte . La solitude a rempli ma vie de milliers de vies et m'a fondu dans l'indicible . Et même si je n'ai personne à qui confier ces qqs pages, je les laisserai là, dans le tiroir de la simple table en bois brut que j'ai fabriquée de mes mains, et dont je fais de multiples usages : j'y prépare mes repas – qqs fruits et des légumes – j'y pétris mon pain, j’y écris, très peu, craignant le poids et le masque des mots sur les choses . Parfois, lorsque la fatigue me prend, j'y dors d'un sommeil sans rêves, le front sur les bras . Selon la saison, le soleil ou le froid me trouvent là . J'aime que les jours se mêlent ainsi, sans l'intermède des rêves nocturnes, en une succession de clartés indéfinies . Je n'ai pas compté les jours, et encore moins les années, depuis que je suis revenu ici . Elles s'impriment dans mon corps, et si je n'ai perdu ni force ni résistance, mes muscles sont encore plus secs, ma peau tannée se ride, je deviens l'incarnation d'une statue de Giacometti ou d'un personnage du Greco . Je m'amenuise, me végétalise . Ouranos, amant éternel, recouvre Gaïa . Je n'ai pas d'âge, j'ai tous les âges .
Le paysage n'a pas changé de la même manière que moi, il a pris de l'ampleur, il veut m'avaler . Les arbres sont insensiblement plus grands sur la prairie en pente, la forêt avance sur le méplat où j'ai construit ma cabane avec des pierres ramassées aux alentours . Un aplomb rocheux l'abrite des vents . De l’eau source d’une pierre plate et miroite dans un bassin avant de poursuivre sa course vers la vallée, le soleil levant à ma gauche nimbe de violet brumeux les collines boisées en face de moi . Mon regard s’étend vers l’horizon paisible, il domine une mer de forêt que le printemps anime d’un patchwork de verts, de blancs, de jaunes . Je devine au loin, la trouée des pâturages .
La nature, pénétrante, m'est passée au travers . Mes cellules, du fond de mon corps suivent le rythme des saisons . Les éléments, vent, pluie, neige, font partie de moi, je ne sais plus qd je suis moi ou qd ils sont eux . Mon corps est devenu perméable, réduit à un simple contour de peau . L'acuité de mes sens s'est développée : je perçois la modification du goût de l'eau de la source, ferreuse à la fonte des neiges, sucrée en fin d'été, âpre après un orage . Les lumières de la ville sont si éloignées que le ciel nocturne allume chaque soir clair un festival de scintillements dont j'essaie parfois d'évaluer le nombre . Je renonce rapidement et me laisse emporter par leur cadence, j'écoute leur musique, comme ns aimions le faire, allongés tous les deux sur le dos, côte à côte, près du grand châtaignier . Il est encore là, puissant, l’écorce fissurée . Sa ramure s’allonge en branches solides . Je m’y installe les après midi de juin, lorsqu’il est en fleurs, dans l’odeur de miel et le bourdonnement des abeilles . Vénus m’en voit descendre, couvert de pollen . Je retrouve le sol, l’humidité de l’herbe, les odeurs de la nuit .
Tu te souviens ?
Ns ns connaissions depuis qqs mois à peine . Tu étais en hypokhâgne et moi étudiant en médecine . Ns ns étions rencontrés, une fin d’après-midi, dans le café qu'une horde d'étudiants envahissait entre les cours ou le soir . On y buvait des boissons aux couleurs étranges et on y embrassait des filles en twin-set largement déboutonnés . Au fond, on montait trois marches en bois un peu branlantes entre deux rideaux entrouverts, lourds de fumée et d'odeur de bière . On pénétrait ainsi dans une deuxième salle assez sombre, petite, où un piano, arrivé là par on ne sait quelle malédiction, s'appuyait contre un mur couvert de publicités jaunies pour des alcools démodés . Il fallait réclamer à grands cris à la patronne les clefs du couvercle de cet instrument . Elle ne les donnait qu'avec parcimonie, sur des critères que ns ne sommes jamais arrivés à décrypter . De dépit, certains s'étaient mis à la guitare, instrument de séduction aussi sûr que le piano et surtout mobile. Moi, j'étais resté fidèle au piano, me rêvant Thélonius Monk, Oscar Peterson ... Pour je ne sais quelle raison, j'obtenais assez fréquemment l'accès à ce clavier tant convoité .
Qqs vieux résistaient à la présence bruyante des carabins, accrochés à leur table et à leur cigarette, près de la devanture verte aux vitres dépolies, reluquant les filles. Tu as surgi, entourée d'une bande de copines enjouées . Vs fêtiez Caroline et la perte de son pucelage, à 18 ans passés, il était largement temps, m’as-tu dit plus tard! Rousse, une allure de gitane à la peau laiteuse constellée de taches de rousseur, toute en longueur de robe, de cheveux, de jambes, une effervescence, un bouillonnement de vie qui absorbait tout sur son passage . Votre entrée les a laissé la lèvre pendante et le souffle coupé .
Je jouais une version simplifiée et tout à fait personnelle de « Gypsy in my soul », les yeux mi-clos, verre de bière à portée de main . Je pensais prendre ainsi un allure inspirée . Je t’ai aperçue au travers de la fumée de ma cigarette . Un rayon de soleil dessinait en ombre chinoise la forme de ton corps et faisait scintiller le duvet de tes bras . Tu irradiais d’une frémissante lumière ambrée . Elle traçait autour de toi un cercle magique dans lequel personne ne semblait admis à pénétrer . Tu t’es approchée du bar, les consommateurs se sont écartés, emportant leur verre aux places restées libres, dans un silence bourdonnant . J’avais la tête vide, les mains suspendues au dessus du clavier, le regard accroché à ta silhouette .
Tu t’es écriée : « Un sou dans le bastringue pour que la musique redémarre !... » et tu m’as embrassé sur la bouche . J’ai aperçu la peau diaphane de tes seins penchés sur moi .
J’ai péniblement repris mes esprits, entamé une ballade romantique qui a provoqué des sifflets moqueurs . J’en ai modifié illico le tempo pour en faire un boogie syncopé, accordé aux battements de mon cœur . Pour ne pas être en reste Michel, dit Queuqueu, virtuose en musique mais pas en paroles, a bondi a côté de moi avec sa guitare . Vs avez commencé à marquer le rythme de vos pieds, vs avez investi l’espace libre pour vs jeter seules, ou en y entrainant les garçons, dans des danses sauvages soutenues par nos improvisations improbables . Ceux qui ne dansaient pas ont attrapé tt ce qui pouvait servir de percussions, petites cuillères, verres…plus rien ne pouvait ns arrêter. Les plateaux des tables tremblaient sous les coups, le plancher de la salle du fond transmettait les vibrations de vos pas à mon siège et au piano . Les commandes de boissons diverses se succédaient . Le café de la Mère Ange n’avait pas vu un si beau raffut depuis longtemps ! Les vieux avaient fui . La nuit était tombée . (:cellnr class=poefin:)

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