Sur la plage. Le ciel s’étend. Tu es là, près de moi. La falaise surgit, sa roche impressionne. Un petit garçon se baigne, remplit son sceau d’eau et de sable. Tu me tiens la taille. Nous sommes pourtant fâchés.
L’horizon comme point de chute. Les nuages s’entassent dans un coin. Je ne sais plus pourquoi tu m’aimes. Des gens dorment, des gens crient. Moi je me tais. Pourtant cet orage d’été menace, on n’en finit pas de le voir arriver.
L’image se fige, le temps s’est arrêté. Des scènes sempiternelles, des vacances clichées.
Malgré le vent léger le soleil me brûle la peau. En équilibre sur un gros galet, j’apprécie la tension de mon corps tandis que chaque vague me fait peur. Tu bouges si peu, tu parles, j’écoute si peu.
Tu veux partir.
Comme un mort, je me désolidarise de mon corps, me voit te suivre et quitter cette plage. Mon âme juste reste ici, flottante au gré du vent et des marées. Pure et libre, elle n’a que faire des simagrées. Elle ne vit et ressent que des petits riens, ces petits riens qui donnent le sens du tout.
Fin de la trêve. La pluie se délecte de nos états d’âme. Audacieuse sous cette chaleur elle réveille un ciel grondant.
Le vent tourne, la falaise à grimper devient titanbolesque ou du moins périlleuse. Surtout quand on n’a pas toute sa tête. Regard brouillé par la pluie, roche glissante. Tu cherches à m’aider pourtant tu n’as pas l’air plus rassuré. Pas gaillard. Je serai toi j’aurai déjà gravi le chemin et serai sec à te réchauffer.
Cette situation hasardeuse me plaît, je me surprends à aimer la destruction. L’érosion des falaises, ce vent qui entraîne tout sur son passage, je voudrais qu’il m’emporte vivre ailleurs. Voir différemment.
On est arrivés. Au chaud. L’orage éclate. Nous allons passer à table.
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