— Romans — 003 —2021
Axaence
Elle
Chapitre 1
Le réveil
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Réflexion et inspiration :
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| L'inspiration date des années 1990. Tellement de femmes se sentent prisonnières du rôle ancien de la femme/mère parfaite. La réalité leur rappelle souvent leur date de péremption, leur mari les remplaçant par une femme plus jeune. Ces années de service n'ouvriront pas droit aux points retraite, mais auront permis à leur époux une ascension sociale au prorata des dîners qu'elle aura organisés.
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Thème :
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Principe :
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Contrainte :
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| La présentation de sa révolution par ELLE, puis elle et enfin son prénom, prémices de sa renaissance et de la conquête de son moi, perdu en chemin
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Durée :
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Date :
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| Début du roman Décembre 2013
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Recueil :
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| 2021
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Longueur du texte :
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| 4632
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Nombre de mots :
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| 805
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Statut :
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| ==========++En cours ++==========
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Collection :
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| Roman
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1 mari, 3 enfants : 16, 13 et 7 ans ; 1 chien, 1 chat, 1 lapin : les animaux des enfants ; 1 maison de 7 pièces, 1 jardin immense, 2 voitures, 1 potager, 1 poirier, 1 pommier, 0 crédit, 2 jolis comptes en banque : 1 chacun.
La bonne plutôt que la femme,
la bonne plutôt que la maman,
ELLE est invisible,
ELLE est anesthésiée par son quotidien.
La routine,
les obligations,
les reproches,
la mésestime de soi,
le mépris silencieux que lui manifeste cette famille.
LA MORT AVANT L'HEURE.
L'abnégation était pourtant volontaire.
Le bonheur de sa famille était son objectif.
ELLE s'est oubliée en route.
Ils l'ont oubliée en route.
ELLE est devenue l'esclave au service de sa famille. Même le jour de la Fête des Mères, toutes les corvées sont pour ELLE. Les cadeaux, de l'utile pour la maison, une nouvelle télé, un nouveau réfrigérateur, une table pour le jardin. L'an dernier : un nouvel aspirateur… aspirateur… aspiration ; c'est sa personnalité qui a été aspiré dans ce maelström familial.
La famille entre, tous ensemble, tous soudés. Le père porte un paquet. Tous en cœur « Bonne fête des Mères. » Tous avancent, déposent le paquet sur la table de la cuisine. Ils le déballent : une friteuse sans huile. Son mari lui dit d'une voix morne, sans affect « Ce sera plus diététique pour nos repas et comme ça tu ne prendras pas de poids, il paraît qu'à partir de 40 ans, les poignées d'amour commencent. »
— D'amour. Où est l'amour dans cette maison ?
Le père, le mari, frappe dans ses mains « Allez les enfants, à table ! Nous allons nous régaler. »
ELLE va en cuisine. ELLE regarde cette pièce idéale, sans âme, rien n'a été choisi par ELLE. Etrangère dans sa vie, étrangère dans sa famille, étrangère dans cette maison.
ELLE ne pense plus. Le vide qu'ELLE ressent, soudain lui fait peur. Cette angoisse est tellement terrifiante qu'un voile noir passe devant ses yeux ; une nausée intense lui broie le ventre, les côtes, lui coupe le souffle.
Il faut qu'elle prenne l'air ! C'est vital !
'elle'' attrape son sac,
elle prend ses clés,
elle se rue dans sa voiture
elle démarre.
Sa famille, alertée par le bruit pense à un vol. En allant la trouver dans la cuisine, Il réalise qu'ELLE vient de partir, ELLE n'est plus là, ses clés ne sont plus là. Le mari s'étonne, mais sans plus « Etrange, ELLE a dû oublier quelque chose pour le repas. On passe à table, ELLE nous racontera à son retour. »
elle roule.
'elle'' roule.
Un stop, elle s'arrête, elle redémarre.
elle roule.
Un feu rouge, elle s'arrête, elle redémarre.
elle roule, roule, roule : c'est une autoroute.
Une pensée fait jour : faire le plein, l'aiguille est bien basse.
elle paie avec sa carte bleue.
elle redémarre, elle roule, elle roule, roule…
Un péage. Deux péages… elle roule…
Au tréfond d'elle-même, un neutrinos de renaissance.
Un panneau : Honfleur.
Une autre pensée, une envie d'Honfleur, l'envie d'un havre.
Une envie, la première depuis si longtemps : sortir de l'autoroute. Prendre les petites routes. elle est surprise et émue, voire timide.
« Prendre mon temps. » elle le dit dans un souffle si ténu qu'il lui semble que sa voix est emportée avant de pouvoir l'entendre, elle ?
Une auberge apparaît : le carrefour de Fiquefleur.
Un nom pour se réveiller.
Un mot pour renaître.
S'arrêter !
Honfleur peut attendre.
elle vient de dormir pendant près de 20 ans !
La vie l'attendra bien un peu.
elle est surprise que ces bras, ces jambes, ces mains lui obéissent. Ils ne semblaient plus lui appartenir, ils étaient robotisés, habitués aux mêmes mouvements perpétuels, aux services des autres. Que ceux-ci soient toujours en vie et lui appartiennent encore : quelle extase !
elle doit demander une chambre, un repas, ne vont-ils pas la trouver étrange ? Comment des inconnus vont-ils se comporter en sa présence ?
elle est seule ! Cela ne va-t-il pas…
Encore cette angoisse. elle… elle… elle…
— Il faut y aller. Ne pas se retourner.
elle va oser entrer comme à ses 20 ans.
elle Essaie de se convaincre.
— Comment est son visage maintenant ? elle ne s'est pas regardée depuis si longtemps…
Personne ne la regardait. elle était devenu invisible, peut-être même insipide. Un joli robot humanisé, gommé, bien rangé dans sa belle boîte.
—Va-t-elle regretter sa maison ?
Le vide est en elle et lui fait peur.
elle est au bord d'un abîme.
elle sort immédiatement de sa voiture pour s'en éloigner.
elle se dirige vers l'auberge. L'autre monde lui tend les bras.
Je m'appelle Maira, je fais un pas vers moi.