— Textes courts —
Séleina
Comment est votre séparation ?
Date : Mars 2014
Principe : Dialogue
Réflexion et inspiration : -
Contrainte : Texte imaginé sur un titre imposé
|
Moi — Tu avais reçu et entendu ma supplique amoureuse. Toi — Tu pensais au mariage avec neuf ans d'avance sur la société qui n'était pas encore prête. Moi — Repoussant ce projet aliénant. Toi — Valétudinaire, bipolaire. Moi — Lunaire ; mon inconscience ; te réifier. Toi — Dénonçant mon hédonisme. Moi — Aveugle et sourde à ton raisonnement aporétique Toi — A chaque pique, je me rembrunis ; ton frère scandaleusement et outrageusement te lavait le cerveau. Moi — Sentant poindre le désastre. Toi — Me recueillant une dernière fois dans ta couche, tu me décoches une flèche. Moi —Oiseau blessé, habillée d'une chemise de nuit blanche souillée tel l'harfang polaire dont le plumage est maculé de sang écarlate. Toi — Dont les lèvres cerise lâchent acrimonies, diatribes pour me faire plier et rendre grâce. Moi — J'absorbe comme une éponge usée, gonflée de douleur mais aussi d'orgueil car pour la première fois j'existe et me rebelle. Toi — Dans la nuit hurlante. Moi — Dont les larmes emplissent mon corps tendu. Ton petit compagnon canin assiste impuissant à cette scène pathétique. Plus jamais nous ne nous parlerons. Plus jamais nous jouirons de nos ébats Toi — Amour et amitié en dissonance. Moi — Tu comptais plus à mes yeux que toi qui m'aimais moins. Moi — Claquant la porte et m'enfuyant dans l'aube éthérée, plus tard, je souffrais des meurtrissures de l'absence où les mots et les souvenirs me déchiraient durant des années. Je guérissais lentement, remplissant peu à peu la béance de la séparation. Lorsque huit ans plus tard, incrédule, je te revis. Toi — Dans le même tram à quelques pas de moi. Moi — Hagarde, qui avait cessé d'aller partout où tu n'es pas, je t'avais presque oublié. Toi — Hautaine, lointaine, ingnorante de ma personne. Je sortis brusquement du tramway encore immobile après ce refus d'aller jusqu'à toi pour échouer finalement dans la neige. Je me remémorais la chanson entêtante de Lykke Li "I follow you deeply baby. I follow river. Mon plus grand triomphe : m'arracher à l'emprise de cet amour qui n'a plus cours et qui portait ton nom à présent jaunis.
|
|